Interview: Annelies Müller, rédactrice à l'OSAR
Pourquoi participez-vous à la session du Parlement des réfugiées ?
Firuze M. : J’ai été déboutée en mai 2024. J’ai l’impression que les Iraniennes et les Iraniens n’ont pas de voix en Suisse. Voilà pourquoi je suis ici.
Que peut faire le Parlement des réfugiés ?
Firuze M. : C’est la première fois que je participe au Parlement. Il permet de montrer les difficultés que les autorités ne voient de toute évidence pas concernant la situation des droits humains en Iran. J’aimerais encore participer l’année prochaine, avec je l’espère une meilleure situation personnelle.
Million H.: C’est aussi pour faire entendre ma voix que je suis ici. J’aimerais enfin être à l’abri de la répression du régime de mon pays d’origine en Suisse. J’ai tout fait pour m’intégrer ici, j’ai vécu dans une famille suisse et j’ai suivi un apprentissage. Pourtant, je ne peux pas recevoir d’autorisation de séjour parce que pour obtenir un passeport érythréen, je devrais signer la déclaration de repentance, payer la taxe diaspora et révéler où vivent les membres de ma famille en Érythrée et à l’étranger. Nous subissons la pression de deux côtés en même temps ici : les autorités suisses compétentes en matière de migration nous obligent à contacter le consulat de notre pays d’origine pour obtenir un passeport, lequel continue de nous opprimer même en Suisse. C’est pour cette raison que je souhaite prêter ma voix à toutes les personnes qui se trouvent dans la même situation. J’espère que grâce au Parlement des réfugiés, nos demandes seront aussi enfin entendues du monde politique.
Firuze, vous vous êtes engagée au sein de la Commission pour la santé psychique des personnes réfugiées. Pourquoi ce choix ?
Firuze M. : La santé psychique est le fondement d’une intégration réussie. C’est une condition indispensable pour pouvoir apprendre la langue, travailler, mais aussi organiser son temps libre. Des problèmes de santé psychique engendrent des coûts de santé plus élevés, ce qui pèse sur la collectivité.
Million, vous vous engagez pour une cause spécifiquement érythréenne, mais largement représentée au sein de deux commissions. Dans quelle commission collaborerez-vous en 2025 si le problème de l’obtention du passeport peut être résolu d’ici là ?
Million H.: Dans la Commission pour les droits de l’enfant. Il est important que les enfants grandissent dans des conditions favorables à leur santé psychique pour devenir des adultes fonctionnels. Une bonne santé psychique est indispensable pour apprendre et, plus tard, trouver un travail. Le risque est sinon que ces enfants se radicalisent ou tombent dans la criminalité à l’adolescence, avec pour conséquence une nouvelle fracture sociale.
Vos recommandations seront ensuite présentées aux député·e·s suisses. Que souhaiteriez-vous encore leur dire à titre personnel ?
Firuze M. : Les problèmes en Iran sont réels. Ils ne peuvent pas être niés. Mon mari et moi sommes venu·e·s ici pour nous sauver, nous et notre fils. J’ai appris l’allemand et mon diplôme de physiothérapeute a été reconnu, mais je ne peux pas travailler parce que notre demande d’asile a été rejetée. Je vous demande un avenir pour nous et notre fils.
Million H.: Le gouvernement suisse devrait prendre ses valeurs démocratiques au sérieux. Il devrait cesser de collaborer avec des gouvernements dictatoriaux et plutôt offrir aux personnes réfugiées une protection effective contre le bras long du régime érythréen.