Statut S

Le statut de protection S a été introduit en 1998 en réaction aux flux migratoires causés par les guerres des Balkans. Il n’a toutefois été activé pour la première fois qu’en mars 2022 pour les personnes réfugiées d’Ukraine. Si l’OSAR estime judicieux d’appliquer ce statut de protection dans certaines situations, elle s’engage toutefois pour qu’il soit adapté au contexte actuel. Le statut S et l’admission provisoire doivent être remplacés à moyen terme par un statut de protection humanitaire.

De quoi s’agit-il ?

La loi sur l’asile (art. 4 et art. 66 ss) prĂ©voit l’octroi du statut de protection S aux personnes dĂ©signĂ©es comme « personnes Ă  protĂ©ger Â» par le Conseil fĂ©dĂ©ral en fonction de critères bien prĂ©cis. Elles sont admises rapidement et sans procĂ©dure d’asile jusqu’à ce que leur besoin de protection disparaisse. Il s’agit d’un accueil humanitaire temporaire de groupes de personnes dont la qualitĂ© de personne rĂ©fugiĂ©e n’est pas vĂ©rifiĂ©e.

Première activation en mars 2022

Le statut de protection S a été activé pour la première fois en mars 2022 à travers une décision de portée générale du Conseil fédéral pour les personnes réfugiées d’Ukraine dans le contexte de l’invasion russe. La Suisse s’oriente sur la directive de l’UE sur la protection temporaire pour l’aménager. L’OSAR salue son application. Une procédure adéquate, rapide et pragmatique s’impose précisément en cas de flux migratoires importants causés par une situation de guerre intense. C’est à cela que sert le statut S, qui permet d’offrir facilement et rapidement une protection et un accueil en Suisse aux personnes réfugiées d’Ukraine. D’une validité initiale d’un an, le statut S a été reconduit pour une année supplémentaire en 2022, en 2023 et dernièrement en septembre 2024 et reste en vigueur jusqu’en mars 2026. Il donne immédiatement accès au marché du travail, permet aux enfants d’aller à l’école et autorise le regroupement familial et les voyages.

Vous trouverez plus d’informations à ce sujet dans notre fiche d’information sur le statut S de janvier 2024 et dans notre aperçu des statuts de séjour.

Adaptation au contexte actuel

Étant donné que le statut S n’avait jamais été appliqué avant le mois de mars 2022, ses règles n’ont pas été développées depuis son introduction, alors même que le régime du droit d’asile et du droit des étrangers a évolué à de nombreux égards ces dernières années. Pour que le statut S puisse être adapté au contexte actuel, il doit nécessairement être développé au regard des expériences accumulées.

Notre engagement

  • Inclure toutes les personnes en quĂŞte de protection : le statut de protection S doit s’appliquer Ă  l’ensemble des citoyennes et citoyens d’un pays en guerre, indĂ©pendamment de la date de dĂ©part, ainsi qu’aux ressortissant·e·s de pays tiers disposant d’un statut de sĂ©jour ou de protection lĂ©gal dans le pays en question. Il convient d’examiner minutieusement au cas par cas si les ressortissant·e·s de pays tiers peuvent retourner dans leur pays d’origine. Il en va de mĂŞme pour les familles binationales et les doubles nationaux·ales. La protection provisoire doit Ă©galement ĂŞtre accordĂ©e aux ressortissant·e·s de pays tiers et aux apatrides qui rĂ©sident lĂ©galement, mais de façon temporaire dans le pays en guerre et qui ne peuvent pas retourner dans leur pays d’origine.
  • ProcĂ©dure d’asile possible en tout temps : le statut de protection S offre rapidement un droit de sĂ©jour aux personnes rĂ©fugiĂ©es sans les soumettre Ă  une procĂ©dure d’asile ordinaire. Toutefois, les personnes obtenant le statut de protection S doivent aussi avoir Ă  tout moment la possibilitĂ© de dĂ©poser une demande d’asile si elles disposent de motifs d’asile individuels. Alors que la directive de l’UE sur la protection temporaire octroie explicitement cet accès Ă  la procĂ©dure d’asile, la loi suisse sur l’asile ne le prĂ©voit que dans les cas oĂą il y a « manifestement persĂ©cution Â».
  • Accès illimitĂ© Ă  l’emploi et Ă  la scolaritĂ© : les personnes au bĂ©nĂ©fice du statut S peuvent travailler et les enfants peuvent aller Ă  l’école. Cet accès au marchĂ© du travail doit ĂŞtre direct et illimitĂ©. L’obligation d’obtenir une autorisation pour commencer un emploi doit ĂŞtre remplacĂ©e par une simple obligation de dĂ©clarer. Il faut Ă©galement garantir l’accès immĂ©diat Ă  la formation scolaire pour les enfants en âge de scolarisation, ainsi qu’aux offres subsĂ©quentes de prĂ©paration Ă  la formation professionnelle initiale.
  • LibertĂ© de voyager : la libertĂ© de voyager est essentielle pour toutes les personnes rĂ©fugiĂ©es. Tous les groupes de personnes relevant du statut de protection S doivent pouvoir voyager sans autorisation prĂ©alable. La libertĂ© de voyager doit ĂŞtre consacrĂ©e de manière gĂ©nĂ©rale pour le statut de protection S.
  • Fournir des mesures d’intĂ©gration : le statut S est en principe valable pendant un an. Les personnes concernĂ©es ont besoin de perspectives malgrĂ© le caractère provisoire de cette protection. Les mesures d’intĂ©gration sont indispensables non seulement de leur point de vue, mais aussi pour les cantons, les villes et les communes. L’accès aux mesures d’intĂ©gration favorise l’intĂ©gration professionnelle, bĂ©nĂ©ficie Ă  la sociĂ©tĂ© dans son ensemble et consolide les ressources des personnes concernĂ©es. Les personnes en quĂŞte de protection doivent avoir accès aux mĂŞmes mesures d’encouragement que celles admises Ă  titre provisoire et que les personnes rĂ©fugiĂ©es reconnues. Il convient donc d’octroyer aux bĂ©nĂ©ficiaires du statut S un forfait d’intĂ©gration au sens de l’Agenda IntĂ©gration Suisse et de le consacrer dans la loi. Une gestion professionnelle de cas et des Ă©valuations du potentiel sont indispensables pour apporter un soutien ciblĂ©. En plus de cours de langue, les personnes concernĂ©es doivent avoir accès au job coaching, aux offres de formation, Ă  l’assistance Ă  la reconnaissance des diplĂ´mes, aux projets d’accompagnement et aux programmes d’occupation. L’offre d’accueil des enfants doit par ailleurs ĂŞtre dĂ©veloppĂ©e pour que les femmes aussi puissent mieux s’intĂ©grer.
  • PossibilitĂ©s de formation : le statut S donne accès Ă  la formation scolaire aux enfants rĂ©fugié·e·s en âge de scolarisation. Les jeunes qui suivent une formation professionnelle initiale en Suisse doivent dans tous les cas pouvoir la terminer, car une interruption ne bĂ©nĂ©ficie ni Ă  l’économie ni aux jeunes concerné·e·s. Cela n’est possible que si leur situation familiale et financière reste inchangĂ©e.
  • Aide sociale suffisante : l’aide sociale versĂ©e aux personnes en quĂŞte de protection varie d’un canton Ă  l’autre et est infĂ©rieure au montant que reçoit la population nationale, ce qui complique l’intĂ©gration professionnelle et sociale. L’OSAR s’engage pour que toutes les personnes ayant droit Ă  une protection reçoivent en Suisse des montants de l’aide sociale identiques Ă  ceux de la population nationale.
  • Mieux protĂ©ger les personnes vulnĂ©rables : des amĂ©liorations et uniformisations s’imposent Ă  l’égard des personnes vulnĂ©rables. C’est ce que montrent les expĂ©riences vĂ©cues avec des mineur·e·s non accompagné·e·s, des victimes avĂ©rĂ©es et potentielles de traite des ĂŞtres humains et des personnes gravement traumatisĂ©es dans le contexte ukrainien. Des mesures spĂ©ciales sont nĂ©cessaires pour ces personnes.
  • Protection juridique en cas de refus du statut S : le rĂ´le revenant aux bureaux de consultation juridique dans la procĂ©dure d’octroi du statut S n’est pas clair et la pratique est disparate. Il n’existe pas non plus de financement public assurant une offre suffisante de protection juridique dans les cantons. Des règles claires et uniformes doivent ĂŞtre mises en place.
  • ÉgalitĂ© des droits : le statut S et l’admission provisoire doivent ĂŞtre remplacĂ©s par un statut de protection humanitaire assorti des mĂŞmes droits que ceux offerts aux personnes rĂ©fugiĂ©es reconnues (voir avis). Seule la procĂ©dure diffère en cas d’arrivĂ©e massive de personnes rĂ©fugiĂ©es en raison d’une situation de guerre intense ; les droits, eux, doivent ĂŞtre identiques. C’est notamment en raison de l’amĂ©nagement inĂ©gal des droits que l’OSAR avait critiquĂ© le statut S avant le dĂ©but de la guerre en Ukraine.

 

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