L’initiative populaire de l’UDC intitulée « Stop aux abus de l’asile ! (initiative pour la protection des frontières) » n’exige rien de moins que de tourner le dos aux principes de l’État de droit et aux obligations internationales, avec pour objectif d’entièrement vider le droit de l’asile de sa substance et de mettre fin à la protection des personnes réfugiées. Elle remet ouvertement en question des principes constitutionnels fondamentaux et le droit international contraignant, notamment le principe de non-refoulement. Une attaque frontale contre les droits des personnes réfugiées et les droits humains à laquelle l’OSAR oppose un NON catégorique !
L’initiative appelle à limiter à 5000 le nombre de personnes réfugiées se voyant octroyant l’asile et à interdire l’entrée sur le territoire et l’asile à toutes les autres. Cela signifie que des personnes persécutées ne recevraient plus l’asile en Suisse, mais seraient renvoyées dans des pays dans lesquels elles seraient exposées à la torture, aux traitements cruels et inhumains et même à la mort. Une telle approche conduirait inéluctablement la Suisse à soutenir et servir des régimes autocratiques, dictatoriaux et despotiques. Il est par ailleurs peu probable que les pays voisins de la Suisse acceptent sans broncher des contrôles systématiques à la frontière et la fermeture de facto de cette dernière aux personnes réfugiées.
Perfide et irréalisable
Si l’on en croit l’UDC, la Suisse devrait même expulser à l’avenir les femmes, les hommes et les enfants qui fuient la guerre et la violence. Ces personnes bénéficient actuellement d’une protection en Suisse grâce à l’admission provisoire (statut F) aussi longtemps qu’un retour dans leur pays est impossible. L’initiative entend mettre fin à cette protection et à l’octroi du statut F. On imagine sans difficulté ce qu’il adviendrait alors des personnes concernées : étant donné qu’elles ne pourraient ni rentrer dans leur pays ni être expulsées, elles seraient poussées dans l’illégalité malgré elles et finiraient dans la précarité de l’aide d’urgence en Suisse, sans la moindre perspective.
Les revendications de l’UDC ciblent l’essence même du droit suisse de l’asile et de la protection internationale des personnes réfugiées. L’OSAR rejette donc catégoriquement cette initiative, non seulement inconciliable avec l’État de droit démocratique et la tradition humanitaire de la Suisse, mais aussi totalement irréalisable dans la pratique.
Peter Meier
Responsable de l'Ă©tat-major Politique et MĂ©dias
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