Changer de perspective aide Ă  lutter contre le racisme latent

01 juillet 2019

L’équipe de formation de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) se rend souvent dans les écoles. En 2018, elle a dispensé 153 formations sur la migration et l’asile à travers toute la Suisse, dont 79 destinées aux jeunes de moins de 18 ans. Qu’apportent donc aux jeunes ces formations de l’OSAR? La directrice de l’école secondaire de Rapperswil explique pourquoi tous les élèves de 7e année participent chaque année au jeu de simulation de l’OSAR.

Texte et photo: Barbara Graf Mousa, rédactrice à l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR)

Kathrin HĂĽppi est co-directrice depuis seize ans de l’école secondaire de la commune de Rapperswil dans le canton de Berne. Cet Ă©tablissement compte entre 160 et 180 jeunes de 7e, 8e et 9e annĂ©e ainsi qu’une vingtaine d’enseignant-e-s. La plupart des Ă©lèves viennent de trois communes rurales voisines et parcourent jusqu’à 8 kilomètres Ă  vĂ©lo pour se rendre Ă  l’école. Le nombre de personnes migrantes vivant dans cette rĂ©gion est faible et il est plutĂ´t rare que des requĂ©rants d’asile soient attribuĂ©s Ă  ces communes qui ne comptent pas plus de 3000 habitants.

Kathrin Hüppi, les élèves ont-ils des possibilités de contact avec les réfugiés?

Il y a parmi les jeunes de l’école des élèves issus de la deuxième génération de réfugiés d’ex-Yougoslavie et du Sri Lanka. Sinon il n’y a guère de possibilités de contact. La commune de Grossaffoltern accueille parfois des familles de réfugiés, la dernière fois deux frères originaires de Somalie. De plus en plus d’enfants issus de mariages mixtes fréquentent par ailleurs notre école. Il s’agit par exemple d’élèves dont l’un des deux parents vient d’un pays africain et l’autre de Suisse.

Quelle offre de formation de l’OSAR utilisez-vous?

Chaque annĂ©e, nous rĂ©servons la demi-journĂ©e de formation sur l’exil et la migration. Tous les Ă©lèves de 7e annĂ©e participent ainsi au jeu de simulation, dans lequel ils se glissent dans la peau d’une personne qui a fui son pays. Puis, ils Ă©coutent le tĂ©moignage authentique d’une personne rĂ©fugiĂ©e.

Comment réagissent vos élèves durant la formation de l’OSAR? La sensibilisation fonctionne-t-elle?

Il importe de comprendre le contexte de notre Ă©cole. Nous vivons dans une rĂ©gion rurale, oĂą les gens n’ont pratiquement aucun contact avec des Ă©trangers. Il existe donc un racisme plus ou moins latent. Nous n’en connaissons pas les causes exactes, mais je suppose qu’il repose sur des prĂ©jugĂ©s et des craintes. Il y a des annĂ©es, nous avons ainsi fait face Ă  une atmosphère très difficile dans une classe de 9e annĂ©e. Les insultes xĂ©nophobes et le manque de respect envers les Ă©lèves et les enseignants Ă©taient monnaie courante. Or, notre Ă©cole a aussi pour tâche de promouvoir le respect. Nous voulons que ce principe soit vĂ©cu pour favoriser un climat d’apprentissage positif. En effet, chaque Ă©lève a le droit et le devoir de s’instruire. Que faire dans une telle situation? Nous avons essayĂ© beaucoup de choses. Au bout du compte, les deux modules de formation de l’OSAR avec le jeu de simulation et le tĂ©moignage d’une personne rĂ©fugiĂ©e se sont rĂ©vĂ©lĂ©s les plus efficaces et nous ont apportĂ© un grand soutien. Les jeunes y ont participĂ© et la formation a provoquĂ© chez eux un dĂ©clic. Ils rĂ©flĂ©chissent, parlent diffĂ©remment des Ă©trangères et des Ă©trangers. Nous, les enseignants, constatons que cette demi-journĂ©e aide clairement les jeunes Ă  ĂŞtre plus empathiques envers la situation des personnes requĂ©rantes d’asile et rĂ©fugiĂ©es.

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