Violence au centre fédéral pour requérants d'asile de Bâle

15 mai 2020

Des investigations menées par divers médias ont montré que le centre fédéral pour requérants d’asile (CFA) de Bâle est le théâtre de fréquents affrontements violents entre le personnel de sécurité et les personnes requérantes d’asile. L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) est extrêmement préoccupée par cette situation. Elle exige une enquête indépendante et des mesures précises pour prévenir la violence dans les CFA.

L’hebdomadaire alĂ©manique «Wochenzeitung» et l’émission de la SRF «Rundschau Â» ont publiĂ© une recherche commune sur les violences survenues entre les employĂ©s de Securitas et les personnes requĂ©rantes d’asile au CFA de Bâle. L’enquĂŞte se fonde sur des tĂ©moignages de personnes requĂ©rantes d’asile, d’un employĂ© de Securitas ainsi que sur des rapports internes. Les activistes du groupe Drei Rosen gegen Grenzen («Trois roses contre les frontières»), qui ont Ă©galement documentĂ© les attaques commises Ă  l’encontre des personnes requĂ©rantes d’asile, sont Ă©galement mentionnĂ©s dans cette enquĂŞte. Le service de sĂ©curitĂ© rejette les accusations et parle de mesures d’autodĂ©fense contre des attaques menĂ©es par les personnes requĂ©rantes d’asile. Le SecrĂ©tariat d’État aux migrations (SEM), responsable de ce domaine, souligne quant Ă  lui que le service de sĂ©curitĂ© fait toujours usage de la force de manière proportionnĂ©e.

Une enquête indépendante nécessaire

Pour l’OSAR, les incidents sont prĂ©occupants. Une enquĂŞte interne par le SEM ne suffit pas. Les incidents doivent faire l’objet d’une enquĂŞte et ĂŞtre documentĂ©s de la manière la plus prĂ©cise et indĂ©pendante qui soit, afin d’obtenir des informations dĂ©taillĂ©es sur les raisons de l’usage de la violence et le dĂ©roulement des faits. Ces incidents tĂ©moignent de l’urgence de crĂ©er des bureaux de mĂ©diation indĂ©pendants au sein des CFA, comme le demande l’OSAR – jusqu’à prĂ©sent en vain – dans ses standards minimaux en matière d’hĂ©bergement.

Dans tous les cas, cependant, il importe que les exigences en matière de droits humains et de droits fondamentaux soient respectĂ©es pour ce qui est de l’hĂ©bergement. La Commission nationale pour la prĂ©vention de la torture (CNPT) a exposĂ© ces droits en dĂ©tail dans son rapport de novembre 2018 (en allemand) (synthèse en français) Ă  l’intention du SEM. Il s’agit notamment de la Constitution fĂ©dĂ©rale, de la Convention europĂ©enne des droits de l’homme (CEDH) et des Pactes I et II des Nations unies, qui garantissent la protection contre la discrimination. Le respect de ces exigences doit ĂŞtre vĂ©rifiĂ© par une institution indĂ©pendante telle que la CNPT.

La prévention pour éviter l’escalade

L’OSAR attend du SEM qu’il mette en Ĺ“uvre des mesures plus incisives pour prĂ©venir la violence dans les CFA et qu’il fournisse des directives claires aux services de sĂ©curitĂ©, dont il est le mandant. Celles-ci permettront d’identifier et de prĂ©venir Ă  temps les conflits naissants entre les prestataires de services de sĂ©curitĂ© et les personnes requĂ©rantes d’asile, afin qu’ils n’évoluent pas en affrontements violents. En octobre 2019, l’OSAR a soulignĂ© la nĂ©cessitĂ© de mesures prĂ©ventives. En outre, le SEM est chargĂ© d’exiger que le personnel de sĂ©curitĂ© des entreprises de sĂ©curitĂ© mandatĂ©es ait suivi une formation de base et une formation continue appropriĂ©es et d’assurer un suivi rĂ©gulier en la matière. L’OSAR n’a pas de mandat fĂ©dĂ©ral en ce qui concerne la formation de base ou continue des services de sĂ©curitĂ© dans les CFA. Elle ne propose qu’une journĂ©e de formation continue en compĂ©tence transculturelle, qui ne saurait en aucun cas remplacer une formation approfondie du personnel de sĂ©curitĂ© et des mesures prĂ©ventives dans les CFA.

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