Par Virginie Jaquet, rédactrice à l’OSAR
Cet exil ne va tout d’abord pas être un signe d’espoir, bien au contraire. Elle se heurte en premier lieu au refus du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) de lui accorder une protection. Dans sa chambre au sein d’un foyer pour personnes requérantes d’asile, la jeune femme ne comprend pas pourquoi le SEM refuse de lui accorder une protection. Dans sa décision, il la qualifie même d’opportuniste, ce qui la révolte.
Des rapports confirment les violations des droits et libertés des Iraniennes
Ce que risque Mahdie si elle est renvoyée en Iran, personne n’ose se l’imaginer. Il lui est reproché d’avoir milité contre le port du hijab. Plusieurs rapports mettent en lumière ce qui attend toute personne ayant manifesté son désaccord ou son opposition au gouvernement, notamment celui publiés par l’analyse pays de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés fin 2023. En outre, les persécutions et les violations subies par les femmes en Iran sont attestées. Elles font l’objet d’une répression massive et sont condamnées à des peines d’emprisonnement, à des coups de fouet ou à la peine de mort.
Malgré ces constats, en Suisse, le renvoi vers l’Iran est toujours considéré comme raisonnable. En 2023, 84 personnes d’origine iranienne ont obtenu l’asile en Suisse et 81 ont été admises à titre provisoire. Le taux de reconnaissance s’élève à 19,2 % et le taux de protection à 37,7% (chiffres issus des indications du Secrétariat d’Etat aux migrations). Mi-mars lors d’une manifestation organisée à Berne notamment par l’organisation Migrants Solidarité Network, il a été communiqué que plus de 300 Iraniens et Iraniennes débouté·e·s vivraient actuellement en Suisse.
Pour l’OSAR, La violence et de la répression en Iran aggrave la situation en matière de droits humains, déjà particulièrement préoccupante. Le contexte actuel doit être pris en considération dans la pratique de l’asile et de l’exécution des renvois. Les demandes déposées par des personnes d’origine iranienne doivent ainsi être soigneusement examinées afin que les profils à risque soient identifiés. Cette exigence prévaut également pour les nouvelles demandes de personnes déboutées par le passé. Leurs demandes doivent être réexaminées en tenant compte des développements récents en Iran et de l’éventuelle apparition d’un nouveau risque.
Une attente longue, mais non sans espoir
Mahdie se bat donc pour rester en Suisse et a recouru auprès du Tribunal administratif fédéral (TAF) contre la décision du SEM. La procédure suit actuellement son cours. Dans l’attente de la décision du TAF, Mahdie a heureusement la chance d’être soutenue, notamment par le Conseil administratif de la ville de Genève. Mahdie a l’espoir que le TAF désapprouve le SEM. Si malgré tout ce n’était pas le cas, la jeune femme a encore une lueur d’espoir : celle de pouvoir demander un visa humanitaire.