Lâinstitut pour la diversitĂ© et la participation sociale de la Haute Ă©cole des sciences appliquĂ©es de Zurich (ZHAW) a analysĂ© lâintĂ©gration des personnes rĂ©fugiĂ©es dâUkraine dans le canton de Zurich entre les mois de novembre 2022 et juillet 2024. Lâobjectif Ă©tait dâĂ©tablir lâinfluence du statut S et de la forte hospitalitĂ© initiale de la sociĂ©tĂ© sur lâaccĂšs aux informations, le logement, le soutien financier, lâinsertion professionnelle et la formation, la santĂ© psychique et physique, la garde des enfants et la scolarisation, ainsi que les contacts sociaux des personnes rĂ©fugiĂ©es. LâOrganisation suisse dâaide aux rĂ©fugiĂ©s (OSAR) a pris part Ă lâĂ©tude dans le cadre dâun groupe dâaccompagnement.
LâOSAR se fĂ©licite de cette analyse des possibilitĂ©s dâintĂ©gration des personnes rĂ©fugiĂ©es dâUkraine en Suisse. LâĂ©tude souligne les facteurs clĂ©s dâinfluence concernant lâencouragement de lâintĂ©gration et met en lumiĂšre de premiers dĂ©veloppements dans le parcours dâintĂ©gration. Elle apporte Ă ce titre une prĂ©cieuse contribution au dĂ©bat en cours sur les mesures visant Ă accroĂźtre le taux dâemploi des personnes rĂ©fugiĂ©es dâUkraine.
Lâincertitude liĂ©e Ă lâavenir complique lâintĂ©gration
Les rĂ©sultats de lâĂ©tude montrent que les personnes rĂ©fugiĂ©es dâUkraine disposent gĂ©nĂ©ralement dâun bon rĂ©seau et Ă©changent rĂ©guliĂšrement avec des personnes de contact suisses. En dĂ©pit des facteurs de stress dus Ă la guerre, lâĂ©tat physique et psychique des personnes interrogĂ©es Ă©tait bon au dĂ©but de leur sĂ©jour, compte tenu des circonstances. Leur santĂ© sâest nĂ©anmoins dĂ©gradĂ©e au fil du temps, en raison notamment des incertitudes liĂ©es Ă lâavenir et des difficultĂ©s Ă trouver un travail. Celles-ci sâexpliquent entre autres par les attentes Ă©levĂ©es tant de la Suisse officielle que des personnes rĂ©fugiĂ©es elles-mĂȘmes quant au fait que les personnes venant dâUkraine prendraient rapidement pied dans le monde du travail. En rĂ©alitĂ©, lâĂ©tude montre que les difficultĂ©s quâelles rencontrent pour sâintĂ©grer Ă la vie Ă©conomique sont comparables Ă celles dâautres groupes de personnes rĂ©fugiĂ©es. Lâapprentissage laborieux de la langue, la non-reconnaissance de diplĂŽmes, le manque de possibilitĂ©s dâaccueil pour les enfants et le scepticisme des employeur·se·s quant aux perspectives des personnes rĂ©fugiĂ©es compliquent Ă©galement lâintĂ©gration professionnelle des personnes dotĂ©es du statut S.
Les rĂ©sultats confirment la position dĂ©fendue par lâOSAR. Un statut de sĂ©jour sĂ»r joue un rĂŽle important tant pour les personnes concernĂ©es que pour les employeur·se·s. Une perspective dâaccueil Ă long terme est nĂ©cessaire pour que les personnes rĂ©fugiĂ©es dâUkraine puissent se focaliser sur leur parcours dâintĂ©gration. Les incertitudes pour lâavenir, le conflit qui perdure dans leur pays dâorigine et les obstacles Ă lâintĂ©gration professionnelle sont des facteurs de stress qui affectent la santĂ© des personnes concernĂ©es. Il convient donc de dĂ©velopper les offres de conseil psychosocial accessibles de maniĂšre gĂ©nĂ©rale et dâoffrir suffisamment de places en thĂ©rapie pour les personnes traumatisĂ©es.
Pour encourager une intĂ©gration durable sur le marchĂ© du travail, il est aussi nĂ©cessaire de donner accĂšs Ă des cours de langue allant au-delĂ du niveau A2. Les obstacles Ă la reconnaissance des diplĂŽmes doivent par ailleurs ĂȘtre supprimĂ©s. Les femmes avec enfants reprĂ©sentant la majeure partie des personnes rĂ©fugiĂ©es dâUkraine, il est en outre essentiel de dĂ©velopper les structures dâaccueil pour enfants.
LâintĂ©gration sociale ne compense pas les facteurs de stress
Les familles dâaccueil et les bĂ©nĂ©voles peuvent grandement favoriser lâintĂ©gration sociale des personnes rĂ©fugiĂ©es. Les rĂ©seaux mis en place les aident Ă prendre pied dans la sociĂ©tĂ© et le marchĂ© du travail suisses. Plus de la moitiĂ© des familles dâaccueil restent durablement en contact avec les personnes rĂ©fugiĂ©es dâUkraine quâelles ont hĂ©bergĂ©es. LâintĂ©gration sociale ne peut toutefois pas compenser les obstacles Ă lâintĂ©gration professionnelle. Des personnes clĂ©s de la diaspora aptes Ă transmettre des informations sur lâĂ©cole, la formation et le marchĂ© du travail, des mesures spĂ©cifiques pour les enfants et les jeunes dans les Ă©coles, ainsi que la mise Ă disposition dâoffres de loisirs gratuites peuvent ĂȘtre bĂ©nĂ©fiques Ă cet Ă©gard.