Depuis des années, la situation des réfugiés dans les camps des îles grecques se dégrade. Aujourd’hui, ils sont près de 40 000 à survivre dans des conditions inhumaines, entassés les uns sur les autres, sans accès à de la nourriture, à l’hygiène et à des soins médicaux. Leur droit de déposer une demande d’asile a également été suspendu par le gouvernement grec. La pandémie du Covid-19 menace en outre d’aggraver cette crise humanitaire.
Face à cela, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) a placé sa campagne des Journées du réfugié sous le slogan « La solidarité n’a pas de frontières ». Avec 132 organisations et plus de 50 000 personnes, elle demandait au Conseil fédéral de participer à l’évacuation immédiate des camps de réfugiés grecs et d’accueillir un nombre important de personnes en Suisse. Plusieurs pétitions et appels en ce sens ont été déposés le 23 juin 2020 devant la Chancellerie fédérale.
Huit villes suisses ont elles aussi manifesté leur solidarité pour accueillir des réfugiés de Grèce et ont proposé des offres concrètes comme le financement des vols d’évacuation et des hébergements. Parmi elles, Zurich, Lucerne, Berne, Saint-Gall, Winterthur, Lausanne, Genève et Bâle-Ville.
De nombreuses questions juridiques et financières
Malgré ce vaste mouvement de solidarité, les cantons ou les villes ne peuvent pas agir seuls. La participation de la Suisse à l’évacuation des camps grecs et l’accueil de réfugiés relèvent en effet uniquement des compétences de la Confédération.
En 2016 déjà , des parlementaires avaient déposé plusieurs postulats demandant au Conseil fédéral qu’il coopère davantage avec des acteurs privés dans la mise en œuvre des actions humanitaires et d’accueil. Le Conseil fédéral s’est alors déclaré prêt à examiner la possibilité de créer la base juridique nécessaire. Or, depuis, rien n’a été fait. Le large soutien dont bénéficie l'appel pour une participation de la Suisse à l'évacuation des camps des îles grecques accentue aujourd'hui la pression sur le Conseil fédéral.
La Suisse peut et doit en faire plus
En mai 2020, la Confédération avait accueilli 23 requérants mineurs non accompagnés de Grèce et avait annoncé qu’un autre groupe allait arriver plus tard. Or, derrière cet acte qui semble généreux en apparence, la Suisse n’a fait que remplir ses obligations internationales en vertu du règlement Dublin. Pour l’OSAR, elle peut et doit en faire davantage rapidement. Elle dispose de suffisamment de places et d’infrastructures, surtout en ce moment, où le nombre de demandes d’asile n’a jamais été aussi bas depuis 2007. Seule lui manque la volonté politique.