Le 16 novembre 2019, Gotabaya Rajapaksa a remporté les élections présidentielles au Sri Lanka. Le nouveau président est une vieille connaissance: il n’est autre que le frère de Mahinda Rajapaksa qui a gouverné le pays entre 2005 et 2015 et lui a imposé un régime autoritaire. Quelques jours seulement après son élection, il a nommé son frère Mahinda au poste de Premier ministre. La famille Rajapaksa occupe donc les bureaux les plus importants de l’État sri-lankais. L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) craint que les minorités se retrouvent à nouveau davantage sous pression avec ce nouveau gouvernement.
Gotabaya était déjà l’homme fort du ministère de la défense sous la présidence de son frère. Par le passé, il a frappé par la dureté avec laquelle il s’en est pris aux personnes critiques à l’égard du gouvernement. Des organisations de défense des droits humains et des journalistes l’accusent d’avoir assassiné et torturé des opposant-e-s. C’est aussi au cours de son mandat à la tête du ministère de la défense que la guerre civile contre les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) s’est achevée dans un bain de sang en mai 2009. Pendant les hostilités, des crimes de guerre ont été commis de part et d’autre. La plupart de ceux dont l’État s’est rendu coupable n’ont pas été élucidés à ce jour et leurs auteurs ne sont guère traduits en justice.
La polarisation religieuse s’est renforcée dans le Sri Lanka à majorité bouddhiste depuis les attentats des extrémistes islamistes du printemps 2019. Gotabaya jouit du soutien actif d’influents moines bouddhistes extrémistes qui propagent depuis longtemps l’idée que les minorités tamoules et musulmanes menacent le caractère cinghalais-bouddhiste du Sri Lanka.
Les organisations de défense des droits humains redoutent que l’élection à la présidence de Gotabaya implique le retour du gouvernement autoritaire d’avant 2015 avec un appareil de sécurité très répressif. Elles s’attendent ainsi à ce que les minorités soient davantage mises sous pression à l’avenir. Dans les groupes de population concernés, la peur est grande que les acteurs gouvernementaux s’en prennent à nouveau plus violemment aux personnes tamoules à cause de leurs liens présumés avec les LTTE, ainsi qu’aux personnes musulmanes.
Dans ces circonstances, l’OSAR se montre préoccupé par la situation actuelle au Sri Lanka et suit les derniers développements avec inquiétude.