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Le Parlement renforce les interdictions de voyager pour les réfugiés

18 décembre 2018

Extension des interdictions de voyager, renversement du fardeau de la preuve – la rĂ©cente rĂ©vision de la loi fĂ©dĂ©rale sur les Ă©trangers (LEtr) se traduit par d’importants durcissements: les rĂ©fugiĂ©-e-s reconnu-e-s ont dĂ©sormais l’interdiction de voyager dans leur pays d’origine ou de provenance ainsi que dans les pays limitrophes. Des exceptions restent toutefois possibles, mais les rĂ©fugiĂ©-e-s devront alors prouver que le voyage a Ă©tĂ© absolument nĂ©cessaire.

Le Conseil national et le Conseil des États se sont mis d’accord: les rĂ©fugiĂ©-e-s reconnu-e-s ont en principe l’interdiction de voyager dans leur pays d’origine. Les exceptions ne doivent toutefois pas ĂȘtre entiĂšrement exclues. Le Conseil national s’est ainsi ralliĂ© Ă  la solution prĂ©conisĂ©e par le Conseil des États. Ce dernier n’a pas souhaitĂ© ancrer dans la loi fĂ©dĂ©rale sur les Ă©trangers (LEtr) un automatisme qui aurait inĂ©vitablement eu pour effet de retirer aux rĂ©fugiĂ©-e-s reconnu-e-s leur statut Ă  la suite d’un voyage dans leur pays d’origine ou de provenance, et ce mĂȘme si le voyage avait Ă©tĂ© absolument nĂ©cessaire. Cette mesure avait encore Ă©tĂ© requise par le Conseil national lors de la session automnale. En renonçant Ă  une rĂšgle d’interdiction aussi stricte, le Parlement reconnaĂźt en fin de compte que les voyages dans le pays d’origine peuvent s’avĂ©rer absolument nĂ©cessaires sans que les rĂ©fugiĂ©-e-s s’identifient avec leur pays d’origine ou puissent se prĂ©valoir de sa protection – les dĂ©cĂšs dans la famille constituent un exemple classique dans ce sens.

MalgrĂ© cela, la rĂ©vision actuelle de la LEtr se traduit par d’importants durcissements ainsi que, comme l’estime l’OSAR, par des interdictions de voyager inutilement sĂ©vĂšres pour les rĂ©fugiĂ©-e-s reconnu-e-s. Cela englobe notamment le renversement dĂ©cidĂ© du fardeau de la preuve: ce ne sont plus les autoritĂ©s qui devront prouver qu’un-e rĂ©fugiĂ©-e a fait un voyage non autorisĂ©, mais le ou la rĂ©fugiĂ©-e qui devra rendre crĂ©dible qu’il ou elle s’est rendu-e dans son pays d’origine pour une raison justifiable. L’OSAR a d’ores et dĂ©jĂ  critiquĂ© ce renversement du fardeau de la preuve lors de la procĂ©dure de consultation parce qu’il contredit le principe de l’enquĂȘte.

Avec la rĂ©vision de la LEtr, les rĂ©fugiĂ©-e-s reconnu-e-s ne pourront pas non plus se rendre dans les Ă©tats limitrophes de leurs pays d’origine. La raison invoquĂ©e, Ă  savoir que cela leur permettrait de poursuivre leur voyage vers leur pays d’origine, est contestable. L’OSAR a rappelĂ© Ă  plusieurs reprises que cette extension disproportionnĂ©e de l’interdiction de voyager aux pays voisins est intenable. Le Conseil fĂ©dĂ©ral avait initialement aussi envisagĂ© cette rĂšgle avant de finir par la rejeter. Le Parlement s’est toutefois dĂ©cidĂ© dans ce sens. Le SecrĂ©tariat d’État aux migrations peut autoriser un voyage Ă  titre exceptionnel si d’importantes raisons le justifient – par exemple la visite de proches gravement malades.

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