Stop aux renvois vers le Sri Lanka

05 décembre 2019

Depuis que Gotabaya Rajapaksa a remporté mi-novembre l’élection présidentielle au Sri Lanka, la situation pour les personnes critiques à l’égard du gouvernement s’est considérablement dégradée.

L’inspecteur de police sri-lankais de haut rang Nishanta Silva, qui dirigeait les enquêtes contre la famille Rajapaksa concernant des accusations de corruption et des violations des droits humains, a fui le pays après avoir reçu des menaces de mort. Il a dû déposer entre-temps une demande d’asile en Suisse. Après sa fuite, la télévision nationale a diffusé des photographies d’autres fonctionnaires de police chargés de l’enquête, les qualifiant de «corrompus» et de «traîtres».

Moins de dix jours après l’élection de Rajapaksa, une employée de l’ambassade de Suisse à Colombo a été enlevée par des inconnus et apparemment contrainte à divulguer des informations sur le départ de Silva et d’autres personnes requérantes d’asile se trouvant en Suisse.

Depuis l’entrée en fonction de Rajapaksa, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) a reçu de nombreuses informations faisant état de menaces à l’encontre d’activistes critiques et de journalistes.

L’OSAR se dit très préoccupée par cette évolution. Elle estime qu’il faut partir du principe que les personnes qui se sont montrées critiques envers la famille Rajapaksa sont actuellement en danger au Sri Lanka. On peut également s’attendre à ce que les autorités renforcent à nouveau leur offensive contre les anciens Tigres tamouls présumés.

Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2019 et jusqu’à fin octobre, les autoritĂ©s suisses ont renvoyĂ© de force 27 personnes vers le Sri Lanka. Vu la situation actuelle, l’OSAR estime qu’aucun renvoi vers le Sri Lanka ne doit ĂŞtre effectuĂ©. Le SecrĂ©tariat d’État aux migrations (SEM) doit procĂ©der Ă  une analyse prĂ©cise de la situation actuelle et adapter en consĂ©quence sa pratique en matière d’asile. La Suisse a Ă©galement signĂ© avec le Sri Lanka en 2018 une dĂ©claration d’intention relative Ă  un partenariat migratoire. Selon un rapport du Conseil fĂ©dĂ©ral, un partenariat migratoire implique une bonne gouvernance. Or, dans la situation actuelle, celle-ci est plus que jamais remise en question.

En raison de cette évolution, l’OSAR demande:

  • Une nouvelle analyse de la situation par le SEM ainsi qu’une adaptation de la pratique en matière d’asile qui tienne entièrement compte de la nouvelle situation.
  • Un arrĂŞt immĂ©diat des renvois vers le Sri Lanka jusqu’à nouvel ordre.
  • De suspendre le partenariat migratoire et de vĂ©rifier si les conditions sont toujours rĂ©unies.

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