Pas d’amélioration en vue des droits humains en Érythrée

15 juin 2022

Dans son rapport publié le 10 juin 2022 sur la situation des droits humains en Érythrée, le rapporteur spécial des Nations unies, Mohamed Abdelsalam Babiker, ne voit aucun progrès dans la résolution de la crise persistante des droits humains dans ce pays. Une situation dramatique pour la population qui s’est encore détériorée et qui ne devrait pas évoluer de manière positive dans les prochains temps. L’OSAR réaffirme son engagement pour que les autorités suisses ne pratiquent plus de renvoi vers ce pays.

Selon le rapport publié par le rapporteur spécial, actuellement, plusieurs milliers de personnes sont détenues arbitrairement et sans inculpation, notamment des opposant-e-s au régime, des journalistes, et des membres des minorités religieuses non reconnues par le gouvernement. Le service national obligatoire d’une durée indéterminée entraine une répression très sévère pour les personnes qui tentent d’y échapper. Elles sont alors arrêtées, placées en prison dans des conditions inhumaines et soumises à la torture et aux mauvais traitements. Comme le souligne le rapport, l’accord de paix avec l’Éthiopie signé en 2018 n’a pas apporté de changements positifs. En outre, la poursuite du conflit sanglant dans le Tigray participe à la détérioration de la situation et entraîne des répercussions dans de nombreux domaines déjà source de préoccupation. Des recrutements forcés, notamment de femmes et d’enfants réalisés dans le cadre de « giffas » (razzias), l’utilisation de filles et de garçons âgés de 16 ans dans le conflit et la persistance de violences sexuelles et de harcèlement contre les femmes et les filles sont mentionnés dans le rapport.

Durcissement de la pratique suisse malgré les recommandations

Malgré cette situation qui continue de se dégrader, la Suisse a durcit sa politique à l’encontre des ressortissant-e-s d’Érythrée depuis 2016. Le départ illégal ou la menace d’un enrôlement forcé ne suffisent plus à obtenir la reconnaissance du statut de réfugié. En outre, les autorités suisses considèrent que l'exécution du renvoi vers l'Érythrée est en principe raisonnablement exigible, malgré plusieurs avertissements. En effet, le Comité des Nations unies contre la torture a stoppé plusieurs cas de renvois de Suisse vers l'Érythrée, car ils violent l'interdiction de refoulement. En mai 2022, le cas de « Yonas », renvoyé vers l’Érythrée depuis la Suisse, puis arrêté et torturé à son arrivée, a été rendu public. Ce cas illustre clairement les risques encourus lorsque les informations à dispositions ne sont pas suffisantes. Suite aux nombreuses questions que soulèvent la pratique des autorités en la matière, plusieurs interventions parlementaires sur le thème de l'Érythrée sont en cours en Suisse.

Les renvois vers l'Érythrée ne sont pas justifiés

Les informations de ce nouveau rapport confirment les revendications de l’OSAR, qui demande à nouveau aux autorités suisses de reconsidérer leur pratique à l'égard des personnes réfugiées d’Érythrée. Il conviendrait de tenir dûment compte du fait que le service national à durée indéterminée, loin d'avoir été réformé, reste l'une des principales causes de violations des droits de l'homme. La pratique suisse en matière d'asile et de renvoi concernant l'Érythrée doit davantage tenir compte de la notion de protection, les autorités ne doivent pas se baser sur des suppositions. En outre, les renvois forcés n’étant pas réalisables, un nombre croissant de personnes se retrouvent à l’aide d’urgence et doivent vivre dans une situation extrêmement précaire, depuis le durcissement de la pratique des renvois. L’OSAR appelle donc à des possibilités de régularisation de séjour pour les personnes réfugiées d’Érythrée en Suisse.

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