En cessation de paiement depuis mai 2022, le Sri Lanka traverse actuellement la plus grave crise économique des 75 dernières années, assortie d’une crise politique et de nombreuses manifestations contre le gouvernement actuel. Le président a déjà pris la fuite. Un nouveau gouvernement doit être constitué le 20 juillet 2022. Sur le plan des droits humains, la situation est préoccupante depuis des années. On ignore encore quel sera l’impact des développements politiques actuels en la matière.
Pendant ce temps, la crise économique a de graves répercussions sur la population. Certains produits de base ne sont plus disponibles et la devise a perdu 80 pour cent de sa valeur depuis mars 2022. En mai 2022, l’inflation des denrées alimentaires atteignait 57,4 pour cent ; les aliments de base sont devenus hors de prix pour beaucoup de familles. À la saison précédente, les récoltes ont été catastrophiques et le manque d'argent et de moyens de production menace les rendements agricoles de la saison en cours. D’après le Programme alimentaire mondial des Nations Unies, quelque 38 pour cent de la population est déjà affectée par une précarité alimentaire modérée à grave. L’ONU estime que près de neuf millions de personnes, soit 22 pour cent de la population sri-lankaise, dépendent actuellement de l’aide alimentaire et qu’un nombre comparable est tributaire de l’aide humanitaire. Près d’un enfant sur deux est concerné.
La crise économique a aussi des effets dramatiques sur l’accès aux services de santé. Le Sri Lanka dépend à plus de 80 pour cent de l’importation de médicaments et autres matériaux pour ses services de santé. D’après les indications fournies par l’ONU début juin 2022, environ 200 médicaments indispensables, appelés « essential medicines », plus de 2700 articles chirurgicaux indispensables et plus de 250 articles de laboratoire de base étaient en rupture de stock. Il a donc fallu reporter des opérations et des interventions. D’après les constatations de l’OSAR, la crise actuelle affecte le traitement de nombreuses maladies dont certaines sont mortelles.
L’OSAR s’inquiète de la manière dont évolue actuellement la situation au Sri Lanka. La crise économique menace en effet la sécurité alimentaire. Les traitements médicaux des personnes gravement malades sont actuellement très limités, ce qui peut mettre leur vie en danger. Le Premier ministre sri-lankais est dernièrement parti du principe que la situation allait encore se dégrader et qu’il ne fallait pas s’attendre à une amélioration avant le début 2023. La situation politique reste très instable et il faut suivre de près ses répercussions sur le plan des droits humains. L’OSAR considère qu’il n’est pas indiqué de renvoyer des personnes au Sri Lanka tant que la situation actuellement dramatique ne se sera pas clairement stabilisée. Elle demande par conséquent :
- de renoncer aux renvois de personnes au Sri Lanka, surtout les plus vulnérables, tant que la situation ne s’est pas stabilisée,
- de tenir compte de la situation actuelle dans la pratique en matière d'asile et dans l'exécution des renvois. Le SEM doit soigneusement examiner au cas par cas s'il existe une menace ou tout autre facteur qui rendrait l'exécution du renvoi inacceptable. L’admission provisoire doit être accordée en cas de doute.