La Suisse à nouveau rappelée à l'ordre par la CEDH pour sa pratique LGBTQI+

13 novembre 2024

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné une nouvelle fois la Suisse pour sa pratique en matière d'asile à l'égard des personnes LGBTQI+. Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) et le Tribunal administratif fédéral (TAF) n'ont pas examiné avec suffisamment de soin la volonté et la capacité de protection des autorités iraniennes en cas de retour, déplorent les juges de Strasbourg. L'Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) salue le jugement et espère qu'il permettra enfin de lever la pratique concernant le devoir de discrétion pour les personnes requérantes d'asile LGBTQI+.

Dans le cas d'un homme homosexuel iranien, la Cour europĂ©enne des droits de l'homme a rendu une nouvelle dĂ©cision contre la Suisse le 12 novembre 2024. Les autoritĂ©s suisses avaient considĂ©rĂ© comme crĂ©dibles les dĂ©clarations de la personne requĂ©rante d’asile iranienne concernant son orientation sexuelle. ConformĂ©ment Ă  leur pratique de longue date, elles ont toutefois conclu qu'elle ne risquait pas de subir des persĂ©cutions pertinentes pour la protection des personnes rĂ©fugiĂ©s en cas de retour en Iran, Ă  condition qu'elle y vive son homosexualitĂ© de manière « discrète ». Cela signifie que, selon le SEM et le TAF, on pourrait raisonnablement attendre d’une personne requĂ©rante d’asile qu'elle garde le secret sur son orientation sexuelle en dehors de son cercle d'ami·e·s proches. 

La CEDH estime que les autoritĂ©s suisses n’ont pas suffisamment vĂ©rifiĂ© lors de l'examen si les autoritĂ©s iraniennes ont Ă©galement la volontĂ© et la capacitĂ© de protĂ©ger efficacement la personne requĂ©rante d’asile en cas de persĂ©cutions de « tiers criminels » après son retour. 

Ce n'est pas la première fois que la Suisse est Ă©pinglĂ©e par la CEDH pour son traitement des personnes LGBTQI+. En 2020, dans l'affaire B. et C. contre la Suisse, la mĂŞme question concernant un plaignant gambien avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© jugĂ©e en dĂ©faveur de la Suisse. 

L'OSAR salue la dĂ©cision de la CEDH et espère qu'elle incitera enfin les autoritĂ©s suisses Ă  reconsidĂ©rer leur pratique de longue date concernant le devoir de discrĂ©tion des personnes LGBTQI+. Un tel changement est attendu depuis longtemps et garantirait une meilleure protection pour les personnes requĂ©rantes d’asile LGBTQI+. 

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