« L’hébergement en famille d’accueil est un puissant accélérateur d’intégration. »
Depuis 2016, l’Etablissement vaudois d’accueil des Migrants (EVAM) gère l’hébergement en famille d’accueil des personnes réfugiées dans le canton de Vaud. L’offre avait été lancée l’année précédente par l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR). Simon Aladjem, adjoint du pôle Interface à l’EVAM, nous explique comment l’offre s’organise et comment elle a évolué en sept ans.
Interview : Virginie Jaquet, rédactrice à l’OSAR
Simon Aladjem, quel bilan tire l’EVAM de l’offre d’hébergement en famille d’accueil pour les personnes réfugiées ?
« Un bilan très positif. Au départ, trois collaboratrices géraient l’offre puis sept personnes depuis 2020. L’année dernière, à la suite de la crise ukrainienne et du développement du projet, jusqu’à quatorze personnes accompagnaient les placements en famille d’accueil. A la suite de ces sept années d’expériences et des centaines de placements, nous avons pu constater que l’hébergement en famille d’accueil est à l’origine de très belles histoires et une source d’enrichissement tant pour les personnes accueillies que pour les familles. »
A quelle personne réfugiée l’hébergement en famille d’accueil est-il proposé ?
« A toutes les personnes migrantes ayant la possibilité de rester en Suisse et ce peu importe leurs origines. L’élément le plus important est que ces dernières aient une envie de partager et d’aller vers l’autre. »
Placez-vous plutĂ´t des personnes seules ou des familles ?
« Les personnes que nous plaçons reflètent l’état présent des demandes d’asile. Quand nous avons repris le projet en 2016, lors de la crise syrienne, ce sont majoritairement des hommes seuls qui étaient hébergés en famille d’accueil alors que, à la suite de la crise ukrainienne, nous avons essentiellement placés des femmes seules ou avec enfant-s. »
Le déclenchement de la guerre en Ukraine et l’arrivée de milliers de personnes réfugiées ukrainiennes a été un défi pour la Suisse. Combien d’entre elles ont été hébergées dans des familles d’accueil dans le canton de Vaud par l’intermédiaire de l’EVAM ?
« Avant la crise ukrainienne, nous avions une cinquantaine de personnes migrantes placées dans une quarantaine de familles d’accueil. De juin à octobre 2022, nous avons placé plus de 900 personnes réfugiées d’Ukraine dans environ 500 familles d’accueil. Actuellement, ce sont encore prêt de 600 personnes qui sont hébergées dans un peu plus de 250 familles d’accueil. »
Comment avez-vous géré cette augmentation importante du nombre de placement ?
« Nos années d’expériences nous ont aidé à traverser cette période particulière. Au fil des années, nous avons amélioré notre accompagnement et la gestion de l’hébergement en famille d’accueil. De plus nous avons considérablement élargi l’équipe pour répondre à l’offre. »
Concrètement, comment l’hébergement en famille d’accueil fonctionne-t-il ?
« Nous rencontrons les personnes migrantes intéressées ainsi que les familles d’accueil. Des rencontres sont ensuite organisées entre elles. C’est un processus qui prend du temps, mais qui a fait ses preuves en garantissant des placements de qualité. A la suite du placement, nous accompagnons la famille d’accueil et la personne réfugiée pendant leur cohabitation. Il y a une personne de référence par placement. En collaboration avec l’OSAR, nous proposons aussi des formations pour les familles d’accueil. Notre priorité est la qualité de l’accompagnement. »
Avez-vous maintenu ce processus pour l’accueil des personnes réfugiées ukrainiennes ?
« Oui, nous avons essayé de garder notre processus pour l’accueil des personnes réfugiées d’Ukraine. Nous avons dû toutefois raccourcir certains délais face à l’urgence de la situation. Nous avons également soutenu de nombreuses familles d’accueil ayant hébergé des réfugiés ukrainiens sans que la rencontre soit organisée par nous. »
Pour l’OSAR, l’hébergement en famille d’accueil facilite l’intégration des personnes réfugiées au cœur de la société. Quels autres avantages ce type d’hébergement a-t-il pour vous ?
« Assurément l’hébergement en famille d’accueil est un puissant accélérateur d’intégration. Nous constatons des effets positifs au niveau de l’apprentissage de la langue, de la recherche d’emploi et une connaissance plus fine des spécificités de la culture locale. Les familles d’accueil sont un soutien important pour les personnes migrantes. »
Quel souhait avez-vous pour l’avenir ?
« Nous souhaitons continuer à accompagner de la meilleure des manières possibles les familles d’accueil et les personnes habitant chez elles. Nous espérons recevoir encore de nombreuses propositions de familles souhaitant vivre de beaux moments de partage et désirant soutenir des personnes cherchant un refuge en Suisse. »
Devenir famille d’accueil dans le canton de Vaud
Intéressé-e-s à héberger une personne réfugiée chez vous, vous pouvez vous adresser directement à l’EVAM par téléphone au 021 338 99 11 ou par courriel heberger-un-migrant@evam.ch.
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