Le président américain Joe Biden a annoncé le 14 avril 2021 que les troupes américaines, y compris les forces de l’OTAN, quitteraient l’Afghanistan avant le 11 septembre 2021. Selon l’accord signé en février 2020 par les États-Unis et les talibans, en échange de ce retrait, les talibans s’étaient engagés, d’une part à ne plus offrir de protection aux mouvements islamistes qui attaquent les États-Unis ou ses alliés, comme Al-Qaïda, et d’autre part, à débuter des discussions directes avec le gouvernement afghan. Débutée en septembre 2020, ces discussions intra-afghanes doivent se poursuivre le 24 avril 2021 à Istanbul. L’issue de ces discussions, qui se concentrent sur la possible formation d’un gouvernement de transition incluant les talibans, reste très incertaine et soulève de nombreuses inquiétudes, notamment en l’absence de garanties claires sur les droits des femmes. Par ailleurs, ces dernières ont été jusqu’ici largement tenues à l’écart de ces discussions.
Risque d’effondrement du gouvernement et nouvelle détérioration des conditions de sécurité
Certain-e-s expert-e-s craignent qu’un retrait précipité des troupes étrangères n’entraine une intensification des combats, l’effondrement du gouvernement et une reprise du contrôle par les talibans. D’autres experts redoutent également une guerre civile impliquant les seigneurs de guerre et des milices. Ceux-ci-ci verraient d’une très mauvais œil un gouvernement dominé par les talibans. Il est ainsi tout à fait plausible qu’on assiste ces prochains mois à une nouvelle détérioration des conditions de sécurité et des droits humains avec la population civile payant encore un fois le plus lourd tribut. Selon les Nations-Unies, le conflit continue de faire des ravages parmi celle-ci. En 2020, ce sont 8820 victimes qui ont été enregistrées, dont 43 pour cent étaient des femmes et des enfants. Avec 390 femmes tuées, l’année 2020 a été la plus meurtrière pour les femmes depuis 2009.
Des renvois vers Afghanistan qui ne sont pas acceptables
Alors que l’Afghanistan et l’Union européenne se préparent à signer un accord migratoire qui pourrait permettre d’expulser près de 500 personnes par mois, il est à craindre que le risque de renvois vers ce pays s’accentue à l’avenir, et ce malgré l’extrême précarité de la situation sécuritaire, économique et des droits humains. Cela vaut également pour les trois villes – Kaboul, Mazar-e-sharif et Herat – vers lesquelles les autorités suisses estiment qu’un renvoi est acceptable sous certaines conditions. Les problèmes de sécurité ne sont pas le seul obstacle à un retour en Afghanistan. Dans un récent rapport, l’OSAR a indiqué qu’à leur retour en Afghanistan, les personnes requérantes d'asile afghanes peuvent être considérées avec suspicion par les communautés locales, les autorités nationales et même leur propre famille en raison de « l'occidentalisation » qu'elles auraient subie à l'étranger. Soupçonnées d'avoir adopté un style de vie trop occidental (accent, style vestimentaire, coupe de cheveux, etc.), ces personnes font face à des difficultés de réintégration. L’OSAR souligne depuis des années que la pratique de renvois des requérant-e-s d'asile vers l’ Afghanistan est intenable. Compte tenu du retrait des troupes américaines, la situation sur place reste plus précaire que jamais.