Le Front de libération du peuple du Tigré (Tigray People's Liberation Front TPLF) est le parti au pouvoir dans la région du Tigré, située près de la frontière avec l'Érythrée. Le conflit qui l’oppose au gouvernement central d’Éthiopie s'est intensifié après les élections régionales de septembre 2020. Si le gouvernement central les a annulées en raison du COVID 19, elles ont malgré tout eu lieu dans la région du Tigré. Les expert-e-s de l'analyse-pays de l’OSAR se disent actuellement dans l’impossibilité de vérifier les informations, car le réseau mobile et l’accès Internet sont coupés. Le gouvernement central signale des centaines de morts et de blessés suite aux attaques aériennes que l'armée éthiopienne a lancées dans la région du Tigré. Diverses sources, dont Amnesty International, parlent de massacres de civils. Les États voisins sont alarmés : le Soudan aurait fermé sa frontière avec l'Éthiopie et y aurait stationné des troupes. Le TPLF aurait aussi attaqué des localités du côté de son ennemi érythréen. Le bruit court que le service national érythréen procéderait à des recrutements forcés. Selon les recherches récentes de l'analyse-pays de l’OSAR, la situation est également confuse dans les camps de réfugiés de la région du Tigré qui abritent de nombreux réfugiés érythréens. La menace de guerre civile se profile sur fond de conflit latent entre le gouvernement central et les gouvernements régionaux : depuis l'entrée en fonction du président Abiy Ahmed en avril 2018, le TPLF a perdu de son influence sur le gouvernement central. Porteur de grands espoirs, Abiy Ahmed a introduit de nombreuses réformes qui lui ont valu beaucoup d’inimitiés au sein de la vieille garde politique ; de vieux conflits réprimés ont ainsi été ravivés. Rien que durant la première année de son mandat, les troubles ont provoqué le déplacement de plus de 2.9 millions de personnes à l’intérieur du pays, comme l’a rapporté l’OSAR en 2019.
Pas de renvois forcés
Selon les statistiques du Secrétariat d'État aux migrations (SEM), il y a eu quatre renvois forcés vers l'Éthiopie en 2020 et trois en 2019. Mais il ne s’agit là que des cas liés au domaine de l’asile pour lesquels un canton a sollicité le soutien du SEM. Au vu de la situation actuelle, l’OSAR demande un arrêt immédiat des renvois forcés en Éthiopie. Quand ils examinent les demandes d'asile des personnes originaires d'Éthiopie et d'Érythrée, le SEM et le Tribunal administratif fédéral (TAF) devraient plutôt tenir compte de la constante dégradation des conditions de sécurité dans la région et de la multitude de nouveaux conflits qui ont éclaté depuis qu'Abiy Ahmed a repris le pouvoir. L’OSAR demande instamment au SEM et au TAF de baser leurs décisions sur les informations actuelles relatives au pays d'origine, conformément aux normes COI.
Informations:
- Blog de Yemane Samson, collaborateur formation à l’OSAR de Suisse romande : 15.11.2020, Le Temps
- Interview et rapport-pays de novembre 2019, novembre 2018, magazine « Planète Exil » de l’OSAR