Frau bei der Arbeit in einem BĂĽro

L’intégration professionnelle des personnes réfugiées d’Ukraine progresse

15 janvier 2025

L’objectif annoncé par le Conseil fédéral d’intégrer 40 % des personnes réfugiées disposant du statut de protection S sur le marché du travail avant la fin de l’année 2024 n’a pas été atteint. Selon une récente publication du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), leur taux d’emploi avoisinait les 30 % au 30 décembre 2024. Un examen plus attentif des chiffres dessine toutefois un tableau nuancé et révèle un développement plutôt positif. Selon l’OSAR, la réalisation de cet objectif, au moyen de mesures concrètes, passera nécessairement par une collaboration à tous les niveaux, le maintien des efforts déployés jusqu’à présent et l’encouragement systématique des personnes réfugiées.

Lors d’une confĂ©rence de presse le 8 mai 2024, le Conseil fĂ©dĂ©ral avait annoncĂ© sa volontĂ© de faire avancer l’intĂ©gration sur le marchĂ© du travail des personnes rĂ©fugiĂ©es protĂ©gĂ©es par le statut S. Il s’agissait d’accĂ©lĂ©rer leur intĂ©gration et d’accroĂ®tre leur taux d’emploi par des mesures complĂ©mentaires de la ConfĂ©dĂ©ration, en sus du programme S et des mesures d’intĂ©gration cantonales, Ă  l’instar de l’Agenda IntĂ©gration Suisse (AIS). Ce dernier prĂ©voit l’intĂ©gration professionnelle durable des personnes rĂ©fugiĂ©es après un sĂ©jour nettement plus long en Suisse, Ă  savoir sept ans. L’objectif ambitieux du Conseil fĂ©dĂ©ral vise un taux d’emploi de 40 % fin 2024 ou de 45 % fin 2025 pour les personnes au bĂ©nĂ©fice du statut de protection S. Un système de malus est en outre Ă  l’examen Ă  la demande du Conseil fĂ©dĂ©ral afin d’accroĂ®tre l’incitation financière Ă  la rĂ©alisation des objectifs de taux d’emploi pour les cantons.

Le taux d’emploi valide la démarche suivie jusqu’ici

Le 14 janvier 2025, le SEM a publiĂ© deux fiches d’information concernant l’état actuel de l’intĂ©gration sur le marchĂ© du travail des personnes disposant du statut de protection S, qui se penchent Ă©galement de plus près sur le taux d’emploi. Si, Ă  première vue, le taux de 29,6 % fin 2024 manque largement l’objectif de 40 %, un examen plus attentif des chiffres rĂ©vèle nĂ©anmoins une nette augmentation du nombre de bĂ©nĂ©ficiaires du statut S qui travaillent, sachant qu’il Ă©tait de 21,1 % fin 2023. Mais une lecture nuancĂ©e de ces rĂ©sultats s’impose, Ă©tant donnĂ© que beaucoup de ces personnes ne se trouvent en Suisse que depuis un an voire quelques mois. ConsidĂ©rant uniquement les personnes en Suisse depuis près de deux ans, le taux d’emploi atteint alors presque 38 %.
 

Les chiffres révèlent en outre de fortes différences entre cantons en matière d’intégration professionnelle. Les comparaisons directes ne s’avèrent toutefois ni pertinentes ni particulièrement utiles. En effet, le faible taux d’emploi dans certains cantons ne peut s’expliquer uniquement par l’engagement insuffisant des instances compétentes ou par l’absence de volonté d’intégration des personnes réfugiées qui y résident, mais plutôt par des facteurs tels que les conditions sur le marché du travail, sur lesquelles les cantons n’ont que très peu d’influence. De plus, les personnes en quête de protection venues d’Ukraine sont majoritairement des femmes avec des enfants à charge qui doivent aussi surmonter d’autres obstacles pour trouver un travail. L’OSAR estime qu’un soutien accru et des mesures concrètes dans le domaine de l’accueil d’enfants s’imposent.

Offrir des mesures d’intégration systématiques plutôt que faire pression

Selon l’OSAR, les données de la fiche d’information du SEM montrent une nette évolution positive. Il faut donc poursuivre et intensifier de manière ciblée les efforts collectifs à tous les niveaux, sans perdre de vue que les personnes dotées du statut de protection S, comme d’autres personnes réfugiées, se trouvent dans un long parcours d’intégration et sont confrontées aux mêmes difficultés fondamentales que les personnes déplacées par la guerre originaires d’autres pays. L'intégration des bénéficiaires du statut S n’est pas automatique, comme le souligne l’étude de l’institut pour la diversité et la participation sociale de la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW). Elle requiert un soutien et un encouragement ciblés où l’acquisition de la langue, notamment, occupe un rôle central, puisqu’un niveau B1 est généralement exigé pour obtenir un emploi ou une place d’apprentissage.

L’OSAR juge peu judicieux, voire contreproductif, le mandat du Conseil fĂ©dĂ©ral portant sur l’examen d’un système de malus pour les cantons qui n’atteindraient pas le seuil de 40 % d’intĂ©gration professionnelle. En effet, les incitations nĂ©gatives sont, par expĂ©rience, gĂ©nĂ©ralement inefficaces. Pour l’OSAR, l’intĂ©gration professionnelle des personnes rĂ©fugiĂ©es d’Ukraine doit nĂ©cessairement passer par un encouragement au moyen de mesures ciblĂ©es, la collaboration de toutes les parties prenantes et le maintien systĂ©matique des efforts fructueux d’intĂ©gration.

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