Sensibilisation à la cause des personnes réfugiées dans le camp fédéral scout

09 août 2022

30 000 jeunes ont participé au Camp fédéral scout dans la vallée de Conches, en Valais. Au milieu de tout ce monde, l’équipe de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) a proposé des ateliers de sensibilisation au destin des personnes en exil. De nombreux groupes ont profité de l’offre.

De Barbara Graf Mousa, rédactrice à l'Organisation d'aide aux réfugiés (OSAR)

Les personnes ayant droit à une protection doivent trouver leur place dans notre société et pouvoir participer à la vie économique et sociale de leur nouveau pays. L’OSAR s’engage dans ce sens et le Département formation endosse un rôle déterminant avec ses ateliers de sensibilisation et ses offres de formation continue pour différents groupes cibles.

Beaucoup de valeurs propres au scoutisme comme le respect mutuel, la serviabilitĂ© et l’inclusion sociale correspondent aux messages que l’OSAR vĂ©hicule notamment dans la formation des jeunes. Ă€ travers le projet Pfasyl, des Ă©claireuses et Ă©claireurs de Lucerne, Berne et Bâle s'engagent depuis 2016 spĂ©cialement en faveur des enfants et adolescent-e-s rĂ©fugiĂ©s qui n’ont guère la place de jouer et de se dĂ©fouler dans les centres d’hĂ©bergement collectifs pour personnes requĂ©rantes d'asile. « L'un des principaux objectifs de Pfasyl est que ces enfants puissent entrer en contact avec des jeunes de leur pays d'accueil qui s'intĂ©ressent Ă  eux et leur offrent la possibilitĂ© de dĂ©couvrir notre culture, la langue et la vie de chez nous Â», Ă©crivent les initiateurs et initiatrices du projet sur le site www.pfasyl.ch. « Les enfants venus d’horizons très diffĂ©rents trouvent dans le groupe une place oĂą ils peuvent pour un temps Ă©chapper Ă  leur quotidien de personnes rĂ©fugiĂ©es. Â»

Les participant-e-s au Camp fĂ©dĂ©ral scout 2022 ne s'entraĂ®nent pas seulement Ă  monter des tentes et Ă  vivre en plein air. Ils se confrontent aussi Ă  des sujets de sociĂ©tĂ© et de politique mondiale tels que le changement climatique ou la diversitĂ© des genres. Celles et ceux qu’on appelle les caravelles et les pionniers, c’est-Ă -dire les jeunes chefs de groupe Ă  partir de quinze ans, constituent le public cible des 22 ateliers de l’OSAR sur le thème « Les personnes rĂ©fugiĂ©es en Suisse : les personnes derrière les statistiques Â».

Ce jour-lĂ  Ă  Ulrichen, le thermomètre atteint les 31 degrĂ©s. L’horloge indique une heure et demie et il fait encore plus chaud sous la tente de l’atelier. La prĂ©sentation Power-Point ne veut plus s’afficher Ă  l’écran et l’atelier LGBTQI qui se dĂ©roule Ă  cĂ´tĂ© se heurte aussi Ă  des problèmes Ă©lectroniques. « Pas grave, estime Anna Friedli, coresponsable de la formation des jeunes Ă  l’OSAR, il faut faire preuve ici de beaucoup de pragmatisme et de souplesse, ça me plaĂ®t. Les jeunes prĂ©fèrent de toute façon discuter directement avec nos collaborateurs et collaboratrices qui ont personnellement vĂ©cu l’exode. Â»

« Schwyzerstärn Â», c’est le nom du groupe de scouts engagĂ©-e-s de la ville de Berne qui arrive Ă  l’atelier avec une demi-heure de retard et sept camarades scouts de Californie. Également impliquĂ©s dans le projet Pfasyl, les responsables ont dĂ©jĂ  invitĂ© de jeunes personnes rĂ©fugiĂ©es Ă  leur camp d’étĂ© en 2020. On se met spontanĂ©ment d’accord pour parler l’anglais, afin que les personnes amĂ©ricaines puissent participer Ă  la discussion.

On commence par former des groupes pour le « jeu des bandes de papier Â» : chaque groupe reprĂ©sente un pays, chaque bande de papier symbolise 100 000 personnes rĂ©fugiĂ©es. Les jeunes trient et suspendent les bandes de papier en fonction des mouvements d’exode Ă  l’intĂ©rieur et en provenance des pays choisis. Ils dĂ©couvrent ainsi que les personnes rĂ©fugiĂ©es sont rĂ©parties de façon très inĂ©gale entre les divers pays et que très peu d’entre eux arrivent en Europe et en Suisse.

S’ensuivent les tĂ©moignages de DĂ©sirĂ© Nsanzineza et Hakeem Sayaband, deux collaborateurs de l'OSAR ayant vĂ©cu l’exode. Le grand groupe est divisĂ© pour que tout le monde puisse entendre les diffĂ©rents rĂ©cits d’exode et d’intĂ©gration. « Votre exode a durĂ© plus de dix ans ? Â» ou « Vous avez vraiment tout fait Ă  pied, du Rwanda jusqu’au Cameroun ? Â», s’étonnent les jeunes en entendant le tĂ©moignage du collaborateur rwandais. Ils sont Ă©galement choquĂ©s d’apprendre qu’il a Ă©tĂ© sĂ©parĂ© de sa femme et de ses enfants et qu’il a dĂ» travailler des annĂ©es comme esclave en Afrique subsaharienne. Une participante lui demande avec dĂ©licatesse comment les enfants se portent aujourd'hui et comment lui-mĂŞme a pu surmonter toutes ces Ă©preuves.

Le journaliste kurde Hakeem Sayaband du nord de l'Irak donne une tournure un peu plus politique Ă  son rĂ©cit. Les jeunes lui demandent des prĂ©cisions sur la procĂ©dure d'asile et les autorisations de sĂ©jour en Suisse. Certains sont au courant des inĂ©galitĂ©s juridiques entre les personnes rĂ©fugiĂ©es ukrainiennes et les autres et aimeraient en savoir plus Ă  ce sujet. Une participante rapporte brièvement ses expĂ©riences en tant que famille d’accueil. La discussion est vive et engagĂ©e, le temps passe malheureusement trop vite. « Les discussions avec DĂ©sirĂ© et Hakeem ont Ă©tĂ© particulièrement intĂ©ressantes ; c’était cool de pouvoir leur poser des questions Â», dĂ©clare un scout après l’atelier.

MĂŞme si cela requiert un certain talent d’improvisation de la part de l’équipe de formation de l’OSAR, le bilan de cette intervention unique est très positif. « Ce sont des jeunes très engagĂ©s qui posent de bonnes questions. On remarque qu’ils ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© sensibilisĂ©s Ă  la question de l’exil et de l’asile Â», observe Hakeem Sayaband qui a lui aussi fait partie d’un groupe de scout dans son enfance dans le nord de l’Irak. « Ă‡a vaut la peine d’intervenir ici, car les jeunes sont Ă  un âge important ; ils cĂ´toient en outre des enfants de personnes rĂ©fugiĂ©es Ă  l'Ă©cole et dans leurs loisirs. », renchĂ©rit DĂ©sirĂ© Nsanzineza.

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