MalgrĂ© lâordonnance Dublin III, les requĂ©rant-e-s d'asile et les rĂ©fugiĂ©-e-s reconnus en Italie ne peuvent pas ĂȘtre transfĂ©rĂ©s dans ce pays en application dâun accord de rĂ©admission, car ils y « courent un sĂ©rieux risque de traitement inhumain et dĂ©gradant ». Par ses deux jugements du 20 juillet 2021, le tribunal administratif supĂ©rieur du Land de RhĂ©nanie-du-Nord-Westphalie a dĂ©clarĂ© acceptables les demandes d'asile d'un Somalien et d'un Malien en Allemagne.
Dans les deux cas, le tribunal justifie ses dĂ©cisions par un risque dâ« extrĂȘme dĂ©tresse matĂ©rielle » auquel les intĂ©ressĂ©s seraient exposĂ©s en cas de transfert vers l'Italie et ce, « indĂ©pendamment de leur volontĂ© et de leurs dĂ©cisions personnelles ». Les deux plaignants ne trouveraient ni logement, ni travail en Italie oĂč ils nâont aucun rĂ©seau social. MalgrĂ© la modification du dĂ©cret Salvini de 2018, ils n'ont, de lâavis du tribunal, plus droit Ă un hĂ©bergement. Selon lui en effet, la rĂ©forme de dĂ©cembre 2020 nâa pas aboli les directives rĂ©gissant la perte du droit Ă l'hĂ©bergement dans un centre d'accueil ; les autoritĂ©s italiennes ont continuĂ© Ă les appliquer aux requĂ©rant-e-s d'asile et aux personnes ayant droit Ă une protection dans au moins 100 000 cas en lâespace de quatre ans.
Le tribunal fonde en grande partie lâexposĂ© de ses motifs sur le rapport de lâOSAR de janvier 2020 au sujet des conditions dâaccueil en Italie, ainsi que sur un renseignement datant de mai 2021 quâil a lui-mĂȘme demandĂ© pour clarifier ces cas. En juin 2021, lâOSAR a en outre publiĂ© une mise Ă jour du rapport sur lâItalie (en allemand) qui sâintĂ©resse aux changements de loi introduits dans ce pays sous la nouvelle ministre de l'IntĂ©rieur Luciana Lamorgese et aux rĂ©percussions de la pandĂ©mie de Covid 19.
LâOSAR salue ces jugements qui protĂšgent les requĂ©rant-e-s d'asile aussi bien que les rĂ©fugiĂ©-e-s reconnu-e-s en provenance d'Italie contre une grande dĂ©tresse et une totale absence de perspectives. Ces jugements confirment, par ailleurs, les recherches que ses propres experts mĂšnent depuis longtemps au sujet de lâItalie. LâOSAR estime que les autoritĂ©s suisses doivent aussi renoncer Ă tout transfert vers l'Italie et les invite Ă entrer en matiĂšre sur les demandes dâasile de personnes qui seraient exposĂ©es Ă une extrĂȘme dĂ©tresse matĂ©rielle en cas de transfert vers lâItalie.