Depuis mars 2019, les procĂ©dures d'asile accĂ©lĂ©rĂ©es sont menĂ©es dans les centres fĂ©dĂ©raux pour requĂ©rants d'asile. Celles-ci doivent dĂ©boucher sur une dĂ©cision d'asile dĂ©finitive dans un dĂ©lai maximum de 140 jours. ConformĂ©ment Ă la lĂ©gislation sur l'asile toutefois, les cas complexes nĂ©cessitant des clarifications approfondies doivent ĂȘtre traitĂ©s en procĂ©dure dite Ă©tendue, dâune durĂ©e maximale dâun an. Dans la pratique, cependant, force est de constater que ces demandes d'asile complexes sont trop souvent examinĂ©es dans le cadre de procĂ©dures d'asile accĂ©lĂ©rĂ©es. En attestent non seulement un premier bilan de lâOSAR sur la nouvelle procĂ©dure d'asile, mais Ă©galement la jurisprudence du Tribunal administratif fĂ©dĂ©ral (TAF) lui-mĂȘme. Dans un arrĂȘt de rĂ©fĂ©rence prononcĂ© le 9 juin 2020, le TAF a en effet Ă©tabli que, sous certaines conditions, le SecrĂ©tariat d'Ătat aux migrations (SEM) Ă©tait tenu de prendre davantage de temps pour examiner les motifs d'asile. Selon le TAF, traiter Ă tort une demande d'asile « complexe » dans le cadre de la procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e constitue une violation du droit Ă un recours effectif garanti par la Constitution pour les personnes en quĂȘte de protection. Cela comporte en outre le risque quâune dĂ©cision d'asile incorrecte soit prononcĂ©e.
Compte tenu de lâimportance que revĂȘt l'attribution Ă lâune ou lâautre procĂ©dure, lâOSAR a Ă©mis des critĂšres de triage. Elle sâest pour se faire fondĂ©e notamment sur la jurisprudence du TAF.
Ainsi, les demandes d'asile qui nĂ©cessitent des clarifications mĂ©dicales doivent ĂȘtre traitĂ©es en procĂ©dure Ă©tendue si celles-ci ne peuvent ĂȘtre menĂ©es de maniĂšre exhaustive dans les dĂ©lais impartis de la procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e. Dans de nombreux arrĂȘts du TAF, les lacunes constatĂ©es concernant lâĂ©tablissement des faits mĂ©dicaux ont Ă©tĂ© dĂ©cisives dans la dĂ©cision de renvoyer lâaffaire au SEM.
Certains cas requiĂšrent en outre des clarifications liĂ©es au pays d'origine de la personne requĂ©rante d'asile. Il sâagit ainsi dâĂ©valuer la situation des personnes mineures non accompagnĂ©es en cas de retour. Si cela n'est pas possible dans les dĂ©lais impartis de la procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e, il convient alors dâattribuer lâaffaire Ă la procĂ©dure Ă©tendue. En outre, le recueil de preuves peut Ă©galement justifier l'attribution de la demande Ă la procĂ©dure Ă©tendue. Il est en effet souvent trĂšs difficile pour les personnes requĂ©rantes d'asile de rĂ©unir ces documents. Si des Ă©lĂ©ments de preuves crĂ©dibles sont annoncĂ©s, il sâagit de les attendre afin d'assurer un Ă©tablissement complet des faits.
Si le SEM Ă©tablit qu'une seule audition sur les motifs d'asile est insuffisante et qu'une audition complĂ©mentaire se rĂ©vĂšle nĂ©cessaire, il est tenu dâordonner l'affectation en procĂ©dure Ă©tendue. En outre, les demandes d'asile qui dĂ©passent clairement les dĂ©lais rĂ©glementaires doivent ĂȘtre affectĂ©es Ă la procĂ©dure Ă©tendue. La lĂ©gislation sur l'asile prĂ©voit certes une certaine « marge de manĆuvre » de quelques jours en matiĂšre de respect des dĂ©lais. Or, le SEM dĂ©passe souvent les dĂ©lais de la procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e de maniĂšre massive. Le TAF a ainsi constatĂ© Ă plusieurs reprises que, rĂ©trospectivement, le traitement en procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e dont avaient fait lâobjet certaines demandes d'asile nâavait pas Ă©tĂ© appropriĂ©.
Les critĂšres complets se trouvent dans la prise de position de lâOSAR.