Comme le rapporte notamment SRF, l'intĂ©ressĂ© avait adressĂ© une demande d'asile Ă la Suisse en mai 2021. Or, il en avait dĂ©jĂ dĂ©posĂ© une en GrĂšce en fĂ©vrier 2017 et sĂ©journĂ© en Bosnie suite au rejet de cette demande. De lĂ , il avait apparemment tentĂ© Ă plusieurs reprises dâentrer en Croatie. L'homme a fait valoir que des policiers locaux lâavaient violemment repoussĂ© en Bosnie lorsquâil avait tentĂ© de passer la frontiĂšre croate.
Il a ensuite demandĂ© l'asile Ă la Suisse et le SEM a dĂ©cidĂ© en octobre 2021 de le renvoyer en Croatie. LâintĂ©ressĂ© a contestĂ© cette dĂ©cision devant le TAF qui a approuvĂ© son premier recours et annulĂ© la dĂ©cision prĂ©cĂ©dente du SEM. En dĂ©cembre dernier, celui-ci a malgrĂ© tout rĂ©itĂ©rĂ© sa dĂ©cision de renvoi. Une dĂ©cision que le TAF a une nouvelle fois annulĂ©e dans un arrĂȘt publiĂ© vendredi.
Le TAF est dâavis que cette demande d'asile ne relĂšve pas clairement de la compĂ©tence de la Croatie. Par ailleurs, les agissements de la police croate Ă la frontiĂšre (qualifiĂ©s de « pushbacks ») nâont toujours pas Ă©tĂ© suffisamment Ă©lucidĂ©s. Le plaignant a relatĂ© de façon crĂ©dible la maniĂšre dont il a Ă©tĂ© frappĂ© Ă coups de poing et de matraque, torturĂ© et retenu prisonnier. Dans ces circonstances, le SEM ne peut pas conclure, sur la base de vieux rapports, Ă lâabsence de dysfonctionnement systĂ©mique dans la procĂ©dure d'asile et d'admission en Croatie.
Le jugement confirme la critique et lâattitude de lâOSAR. Lâan dernier, les mĂ©dias ont dĂ©noncĂ© Ă plusieurs reprises les refoulements violents Ă la frontiĂšre entre la Bosnie et la Croatie. LâOSAR avait par la suite exigĂ© de la Suisse quâelle y regarde de plus prĂšs et s'engage fermement, en tant que membre de Schengen/Dublin, pour le respect des droits humains aux frontiĂšres extĂ©rieures de l'UE. Les refoulements violents Ă la frontiĂšre croate avaient par la suite Ă©tĂ© corroborĂ©s aussi bien par la Cour europĂ©enne des droits de lâhomme (CEDH) que par le ComitĂ© europĂ©en pour la prĂ©vention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dĂ©gradants (CPT). Par ce jugement, le TAF admet maintenant aussi que la frontiĂšre avec la Croatie est le thĂ©Ăątre de « pushbacks ».
Dans un rapport publiĂ© en dĂ©cembre, l'OSAR a dĂ©jĂ signalĂ© que le renvoi en Croatie de personnes souffrant de maladies psychiques pose problĂšme, car les intĂ©ressĂ©-e-s ont peu de chances d'y obtenir les traitements nĂ©cessaires. L'OSAR a donc demandĂ© Ă la Suisse de renoncer Ă ces renvois. Le jugement du TAF montre maintenant quâil faut y regarder Ă deux fois, mĂȘme dans dâautres cas. En lâoccurrence, le tribunal a ordonnĂ© au SEM de commander une expertise mĂ©dicale sur l'Ă©tat de santĂ© (notamment psychique) de l'Afghan.