En janvier 2020, près de 16 400 signataires, dont l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), ont soumis la pétition « Faire cesser les noyades de réfugiés en Méditerranée ! » au Conseil fédéral et au Parlement afin de les exhorter à agir immédiatement. La Suisse était ainsi appelée à participer à la mise en place d'un système civil de sauvetage en mer organisé et financé au niveau européen et à soutenir la répartition des personnes sauvées en mer conformément aux principes humanitaires et à l'État de droit. En outre, la pétition demandait que le Conseil fédéral et le Parlement créent la base juridique nécessaire à l'accueil rapide et décentralisé en Suisse des réfugiés sauvés en mer.
Ces revendications bénéficiaient pourtant d’un large soutien : une grande partie de la population, les cercles ecclésiastiques et des organisations de la société civile, ainsi que de nombreuses villes et communes suisses se sont dits prêts à accueillir des réfugiés et estiment qu’il est temps d’agir. L'acceptation de ces revendications par le Parlement aurait apporté un élan supplémentaire à ce mouvement déjà soutenu par de larges pans de la société et aurait envoyé un signal clair en faveur d’une Suisse s’impliquant activement dans la politique européenne de migration et d'asile.
La pétition avait déjà été examinée en août 2020 par la Commission des institutions politiques du Conseil national. La majorité proposait de la rejeter, alors qu’une minorité proposait de la renvoyer à la commission en la chargeant d’élaborer une motion. En 2019 encore, des membres de presque tous les camps politiques avaient demandé des mesures plus incisives contre la tragédie qui se joue en Méditerranée. La question est à présent enterrée, certes, mais le vote de 90 conseillères et conseillers nationaux en faveur de cette pétition aujourd'hui (contre 100 oppositions et 4 abstentions) donne de l'espoir pour les débats futurs.
Obligations internationales
Le 29 août 2019, aux côtés de ses organisations membres et de la Croix-Rouge suisse, l’OSAR avait déjà prié la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, dans une lettre ouverte, de s’engager « pour que la Suisse soit au premier rang et assume ses responsabilités en matière de protection des réfugiés et de respect des droits humains, conformément aux objectifs de la politique migratoire de la Suisse ». Dans cette lettre, l’OSAR proposait en outre quatre mesures permettant à la Suisse de contribuer au sauvetage en mer en Méditerranée. Elle prenait par ailleurs clairement position contre la politique migratoire de l'UE, qui privilégie de manière croissante l’isolement et la répression, et ses effets inhumains sur les personnes en quête de protection : « Porter secours aux personnes en détresse en mer est une obligation qui relève du droit international. Le droit à la vie et la protection contre les violations des droits humains ne sont pas négociables. L’UE et la Suisse ne peuvent se soustraire à cette responsabilité ». L’OSAR réitère ces revendications et regrette le rejet de cette pétition largement soutenue, décidé à une faible majorité de dix voix seulement.
Actuellement, pratiquement aucun navire de sauvetage privé est en opération, ce qui rend une intervention des États d'autant plus nécessaire. Les statistiques pour 2020 montrent certes une baisse du nombre de noyades en Méditerranée. Toutefois, compte tenu du manque de navires de sauvetage, il est à craindre que le nombre de cas non signalés soit élevé.
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