De nombreux jeunes réfugiés sont confrontés chaque année à la même situation en Suisse : après avoir vécu ici un certain temps, ils débutent un apprentissage. Soudainement, ils reçoivent une décision de renvoi et perdent du jour au lendemain leur droit à suivre une formation et à travailler. Selon les estimations des écoles professionnelles rapportées par la RTS, entre 300 à 400 jeunes se voient contraints chaque année d’interrompre leur apprentissage en Suisse pour cette raison.
Une motion de la Commission des institutions politiques du Conseil national (CIP-CN) veut changer cela : elle demande au Conseil fédéral de modifier les bases légales en vigueur et la pratique actuelle de sorte que les requérants d'asile déboutés qui suivent un apprentissage puissent bénéficier d'une prolongation du délai de départ afin de poursuivre et de terminer leur formation avant de retourner dans leur pays d'origine.
Hier, le Conseil national a clairement soutenu la motion par 129 voix contre 54, et ce, malgré le rejet du Conseil fédéral. L’OSAR se réjouit grandement de cette décision. En effet, il est nécessaire de permettre une prolongation générale du délai de départ jusqu’au terme de la formation professionnelle initiale. Il s’agit en effet souvent de jeunes requérants d'asile dont le dossier n'a pas été traité des années durant et dont le traitement sous l'ancienne procédure demandait beaucoup de temps. En outre, pour nombre d'entre eux, un renvoi dans le pays d'origine n'est pas envisageable dans un avenir proche pour diverses raisons.
Un investissement pour l'avenir
Une formation ou un apprentissage constitue dans tous les cas un investissement pour l'avenir de ces jeunes. Les connaissances et compétences acquises peuvent se révéler très utiles en cas de retour dans le pays d'origine ou d’installation dans un pays tiers. Il s’agit ainsi de considérer la formation et l'apprentissage comme une forme d'aide au retour.
De nombreux jeunes requérants d'asile viennent de pays dont la situation est trop dangereuse et incertaine pour un éventuel retour. De ce fait, ils restent souvent durablement en Suisse. Ils dépendent alors de l'aide d'urgence, et n’ont aucune perspective d'avenir. À long terme, la Suisse bénéficiera donc également d’un point de vue financier, puisque les jeunes au bénéfice d’un apprentissage pourront sortir de l'aide d'urgence.
La décision d'hier profite également à de nombreuses entreprises. Elle leur offre plus de sécurité dans leur planification au moment d’investir dans la formation de jeunes réfugiés et de leur donner une chance sur le marché du travail. La motion va maintenant être portée devant le Conseil des États.
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