Interview : Barbara Graf Mousa, rédactrice de l’OSAR
Miriam Behrens, comment la Suisse fait-elle face aux conséquences de la guerre en Ukraine ?
La guerre a déclenché le plus grand flux migratoire jamais observé depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour la première fois, la Confédération a activé le statut de protection S avec une procédure d’inscription en ligne. En outre, la majeure partie des personnes réfugiées a été hébergée chez des particuliers : en juillet, c’était le cas de près de 60 % d’entre elles. Avec les familles d'accueil, les autorités ont donc été confrontées dès le début de la crise à un nouveau groupe d'interlocuteurs et à de nouvelles procédures qui n’étaient pas encore rôdées. Pour l’instant, je trouve que la Suisse a admirablement relevé le défi et atteint le but premier qui était d’abriter immédiatement toutes les personnes réfugiées, grâce à un fantastique élan de solidarité de la population. La suite de la prise en charge a d’abord été un peu chaotique, mais la bonne collaboration a permis d’éliminer rapidement les goulets d'étranglement. Là aussi, toutes les lacunes ont immédiatement été comblées par des offres bénévoles. Sans l’aide généreuse de la population, le bilan serait nettement moins bon.
Quel bilan tirez-vous de l’offre de familles d’accueil ?
L’OSAR a reçu le mandat fédéral de placer des personnes réfugiées d’Ukraine dans des familles d’accueil, parce qu'elle a acquis l'expérience et l'expertise nécessaires de 2015 à 2018, lors d’un projet similaire réalisé pendant la guerre en Syrie. Le lancement du projet a pourtant été un défi. En raison du grand nombre de personnes réfugiées, nous n’avons tout d’abord pas pu respecter nos propres procédures qui consistent par exemple à rendre visite aux familles d’accueil avant le placement. Mais maintenant, ces clarifications préalables ont lieu dans la plupart des cantons. Au début, l’accompagnement des familles d’accueil après le placement n’était pas satisfaisant. Nous avons mis en place une permanence téléphonique et envoyé des infos par courriel. Mais ça ne suffit pas. Entre-temps, nous avons réussi à trouver des solutions sur mesure avec la plupart des cantons. C’est un grand succès pour l’hébergement privé dans le domaine de l’asile et nous en sommes ravis !