Une guerre civile sanglante dĂ©chire le Soudan depuis avril 2023. Le conflit opposant lâarmĂ©e soudanaise (SAF) au groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (RSF) a transformĂ© les troubles politiques et les problĂšmes socioĂ©conomiques qui sĂ©vissaient dĂ©jĂ dans le pays en lâune des pires catastrophes humanitaires et engendrĂ© la plus importante crise de dĂ©placement de population au monde. La moitiĂ© de la population, soit environ 25 millions de personnes, a besoin dâune aide humanitaire dâurgence. Aux graves violations des droits humains et crimes de guerre perpĂ©trĂ©s par les deux parties belligĂ©rantes sâajoute la pire famine que le pays ait connue en vingt ans. Les combats armĂ©s, le manque dâaccĂšs aux soins de santĂ© et la faim causĂ©e par la guerre ont dĂ©jĂ coĂ»tĂ© la vie Ă 15 000 personnes.
Le conflit a Ă©galement poussĂ© douze millions de personnes Ă lâexil : dix millions ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©es Ă lâintĂ©rieur du pays, dont prĂšs de trois millions qui lâont Ă©tĂ© plus dâune fois, et deux millions se sont enfuies dans les pays voisins, au Tchad, au Soudan du Sud, en Ăthiopie, en RĂ©publique centrafricaine ou en Ăgypte, oĂč elles se retrouvent exposĂ©es Ă dâautres conflits armĂ©s locaux ou menacĂ©es de renvoi vers le Soudan.
Une insĂ©curitĂ© qui persiste aprĂšs lâexil
Peu de personnes du Soudan parviennent Ă sâexiler en Suisse. Sur les 30 214 demandes dâasile dĂ©posĂ©es au total en 2023, elles nâen reprĂ©sentaient que 207. Pour 2024, ce nombre ne sâĂ©levait quâĂ 60 Ă la fin juin. Face aux graves actions militaires au Soudan, le SecrĂ©tariat dâĂtat aux migrations (SEM) a Ă©mis un moratoire sur les dĂ©cisions et lâexĂ©cution des renvois en fĂ©vrier dernier. Si celui-ci implique quâaucune exĂ©cution de renvoi ne sera imposĂ©e et quâaucune personne ne sera renvoyĂ©e sous contrainte vers le Soudan jusquâĂ nouvel ordre, il a nĂ©anmoins aussi pour effet de bloquer le traitement de toutes les demandes dâasile dĂ©posĂ©es en raison du conflit armĂ©. Ce dernier point est problĂ©matique selon lâOSAR, car il contraint les personnes requĂ©rantes dâasile soudanaises Ă attendre indĂ©finiment leur dĂ©cision dâasile dans une grande incertitude, et ceci est dâautant plus difficile Ă comprendre quâaucune accalmie nâest actuellement en vue au Soudan.
Le systĂšme juridique suisse prĂ©voit expressĂ©ment lâadmission provisoire pour raisons humanitaires « si le renvoi ou lâexpulsion de lâĂ©tranger dans son pays dâorigine ou de provenance le met concrĂštement en danger, par exemple en cas de guerre, de guerre civile, de violence gĂ©nĂ©ralisĂ©e ou de nĂ©cessitĂ© mĂ©dicale » (art. 83, al. 4 de la loi sur les Ă©trangers et lâintĂ©gration, LEI). Ces critĂšres Ă©tant incontestablement satisfaits pour les personnes rĂ©fugiĂ©es du Soudan, lâOSAR demande que lâadmission provisoire et, donc, lâaccĂšs aux mesures dâintĂ©gration leur soient octroyĂ©s en Suisse en raison de la guerre civile qui perdure dans leur pays dâorigine. Les personnes particuliĂšrement vulnĂ©rables devraient en outre ĂȘtre accueillies en Suisse et y bĂ©nĂ©ficier dâune protection au moyen de programmes de rĂ©installation et de visas humanitaires.