Les forces de l’OTAN ont pour la plupart déjà achevé le retrait de leurs troupes de l’Afghanistan. Quant au retrait militaire américain, il sera entièrement effectif d’ici au 31 août, soit plus rapidement que la date du 11 septembre, initialement prévue. A ce jour, plus de 90 pour cent des forces américaines ont déjà quitté le pays.
Reprise du contrôle des talibans, effondrement du pays et guerre civile – des scénarios plausibles
Les talibans n’ont pas attendu le départ des Américains pour reconquérir une bonne partie du pays. Selon leurs dires, ils contrôleraient désormais « 85 pour cent du territoire », un chiffre contesté par les autorités. Leurs efforts se sont orientés ces derniers jours sur le nord du pays, à majorité tadjik et hazara. Les talibans encerclent ainsi les villes de Kunduz et de Mazar-i-Sharif au nord-est du pays et menacent la région de Kaboul d’un blocus.
Outre une reprise croissante des territoires par les talibans, le retrait précipité des troupes étrangères risque fortement d’entrainer une intensification des combats, l’effondrement du gouvernement et de mener le pays sur la voie de la guerre civile. Il est ainsi probable qu’on assiste ces prochains mois à une nouvelle détérioration des conditions de sécurité et des droits humains avec la population civile payant encore un fois le plus lourd tribut.
Il faut cesser d'expulser les ressortissants afghans
Dans un communiqué publié le 10 juillet, le gouvernement afghan a appelé l’Europe et la Suisse à cesser d’expulser ses ressortissants durant les trois prochains mois, en raison de la dégradation sécuritaire et de l’escalade des violences. En 2021, la Suisse doit pourtant exécuter 140 décisions de renvoi. Depuis des années déjà et à plusieurs reprises, l’OSAR a signalé que le rapatriement des personnes requérantes d'asile en Afghanistan est intenable. Dans un récent rapport, elle a de plus souligné que les ressortissants afghans renvoyés au pays peuvent être victimes de violences perpétrées par des membres de la population en raison de leur « occidentalisation ». Cependant, les autorités suisses estiment toujours qu’un renvoi des personnes requérantes d’asile afghanes dans les villes de Kaboul, Herat et Mazar-i-Sharif est exigible, pour autant que ces personnes y disposent d’un réseau social et familial. Au vu des circonstances actuelles, l’OSAR maintient fermement que la pratique des autorités est inacceptable.